Revenir en haut Aller en bas



 
Le Deal du moment : -20%
-20% Récupérateur à eau mural 300 ...
Voir le deal
79 €

Partagez
 

 Incongruités (Clide)

Aller en bas 
AuteurMessage

Colin Holloway

Colin Holloway

Incongruités (Clide) 1ZFRL3RI_o
✕ MENSONGES : 1402
✕ DOLLARS : 3475
✕ JE SUIS : Indisponible irp.
Incongruités (Clide) M3umKgks_o
✕ ALIGNEMENT : Loyal bon.
✕ ALLEGEANCE : Gouvernement de l'Ombre
✕ MATRICULE : S4-080
✕ FONCTION.S : Espion - Grade 2
✕ USURE : 25 ans ?
✕ CAPACITÉS : Illusion; canal émotif
✕ FÊLURES : Dépersonnalisation, déréalisation (angoisses) et phobie de l'électricité
Incongruités (Clide) 5AImGYhJ_o
✕ ERRE DEPUIS LE : 26/04/2019
✕ PSEUDO : Elliot. DC: Simon
X CRÉDITS : Mittwoch



Incongruités (Clide) Empty
MessageSujet: Incongruités (Clide)   Incongruités (Clide) Empty28.05.19 22:01

Incongruités - @Clide Morgenstern - Post 1



2019 – Fin de la mission au Tibet.
Afin de développer sa seconde capacité, Colin a été tué dix fois, a été ressuscité dix fois, a été électrocuté et enfin, a été induit en erreur. On lui a fait croire que la femme en qui il avait confiance l’avait vendu, trompé. On lui a fait croire que le Dr Brenner ne voulait plus de lui, de ses capacités. Et à force d’isolement affectif, Colin a appris à gérer sa seconde capacité.

Alors il peut être ré-utilisé en mission.

- Docteur Morris…

Colin pose sa main sur l’épaule du Docteur Morris. Il a pris – insidieusement – quelques traits du fils du docteur décédé, il joue le role du psi sans père réel, qui cherche une figure paternelle à admirer, et qui a trouvé, en le docteur, ce qu’il cherchait.
Et le docteur, aussi froid et orgueilleux puisse-t-il être, s’est laissé attendrir par un homme qui lui rappelle le fils perdu à jamais, s’est laissé approché par un homme qui lui donne la reconnaissance dont il avait tant besoin.

Alors aujourd’hui, le docteur écoute cet ersatz de fils lui proposer son aide.

- Je vous en prie, Docteur, vous ne pouvez rester ainsi… Qu’est-ce qui vous ronge autant ?

Le Docteur Morris est un consultant ponctuel pour plusieurs entreprises et, sous couvert de la consultance, un espion pour le gouvernement de l'Ombre. La dernière entreprise en date qu'il doit "analyser" est une entreprise de bio-technologie d’origine étrangère et liée à des suspicions d’expériences génétiques sur humains. La morale des expériences génétiques n’est pas un souci. Le fait que les expériences de cette société étrangère puissent donner de meilleurs résultats que les sociétés américaines, oui. Le fait que le Docteur Morris ne remplisse plus son rôle d’espion pour le gouvernement de l’Ombre comme désiré, aussi. Colin a reçu l’ordre, en tant que psi, de se faire apprécier par le Docteur Morris et de lui soutirer des informations.

- C’est le Dr Brenner qui t’a demandé de me tirer les vers hors du nez, hein ?

Demande Lenny Morris, le visage enfoui dans ses mains.

- Non Docteur, non… Je suis juste… Vous savez…

Colin retire sa main de l’épaule, s’affaisse un peu plus, sur le sofa, aux côtés du docteur.

- Je ne sais pas, non.

Lenny Morris s’est redressé, prend la tasse de café froid qui attend sur la table basse du salon blanc du laboratoire blanc.

- Pour développer ma seconde capacité, le Docteur Taylor m’a fait croire que j’étais devenu inutile aux yeux du Docteur Brenner, pendant quelques jours.
- Le Docteur Taylor et un élément hors pair.
- Je sais, je lui suis reconnaissant.

Colin hoche la tête, docilement. Et un peu penaud, aussi, qu’il ait pu laisser croire que le Docteur Taylor était devenu trop sévère.

- Et bien ?
- Je me disais juste… peut-être pourriez-vous… un peu… me laisser me connecter à vous ?
- Pas question. Si je sens que tu te connectes à moi, je noterai dans ton dossier que tu es défaillant.
- Pas longtemps.
- Mais enfin !

Lenny pose brutalement sa tasse de café sur la table basse.

- Juste le temps de sentir que vous m’aimez bien, comme vous me l’avez dit.
- Je te l’ai dit, ça devrait être suffisant.
- Je vous crois…
- Et bien dans ce cas ?
- J’en ai juste besoin.

La scène se répète, pas tous les jours, pour ne pas susciter de doutes trop grands dans l’esprit du Docteur Morris, mais suffisamment pour qu’il finisse par accepter.

***

Une semaine plus tard.

Canal émotif.

Lenny Morris meurt. Agonise. Dans la peur, dans la souffrance, dans le désir de vengeance.
Colin a l’impression de mourir. Cloué dans son lit, au laboratoire. L’impression de mourir noyé. Ses rotules en douleur crissante, sa bouche en feu. Il hurle. Un infirmier entre dans la chambre. Le Docteur Taylor entre dans sa chambre.

- Depuis quand ?

Demande le Docteur Taylor.

- Quelques secondes à peine.
- Donnez-lui un tranquillisant.

L’infirmier pique Colin. Son corps se détend. Ses poumons restent en alerte. Son corps reste douloureux.

- Que se passe-t-il ?

Demande le Docteur Taylor en se penchant vers Colin.

- Le Docteur Morris…

Murmure Colin avec peine.

- Il est en vacances, je crois. Tu le verras plus tard.

Silence.
Colin ne comprend pas.

- Tu t’es connecté à lui ?
- Oui.
- Merde…

***
Trois semaines plus tard.

Entrepôt sur les docks d’une petite ville portuaire.

Colin vient de terminer son entrainement pour sa prochaine mission. Il a du temps devant lui. Il passait pas très loin de l’entrepôt où avait été vu le Docteur Morris pour la dernière fois, il en a profité pour héler un agent de sécurité qui finissait sa ronde. Il a amorcé la conversation, joué au gars sympa qui a des heures à tuer, parce qu’il vient de perdre son boulot, histoire d’attirer un peu de sympathie.

- Mais personne ne peut confirmer ?
- Nope…

***

Douze semaines plus tard

Colin vient de terminer sa mission – ponctuelle – pour le compte d’une équipe de mutants. Au cours de cette mission, il devait prendre le rôle d’un jeune policier afin de tenir les mutants au courant des mouvements de la police pendant qu’ils effectuaient leur opération.

C’est une soirée de fin de boulot, dans un pub bas de gamme, avec son coéquipier, un vieux briscard qui a vu passer plus de cadavres qu’un étron n’a vu passer des mouches à merde.

- On a retrouvé son corps dans un état épouvantable…
- A ce point ?
- Rotules pétées, langue arrachée, étouffement final avec… on ‘sait pas. P’tet un sac en plastique.
- Il a été torturé longtemps, non ?
- Deux, peut-être trois jours. Pourquoi tu demandes ça, soudain ?
- Comme ça. Je ne comprends pas…
- Boh. Le coupable a été trouvé. Un SDF agressif qui avait déjà des agressions à son actif.
- Oui c’est sûr, mais bon.
- Tu t’y feras, va.

***

Quatre semaines plus tard.

Debriefing sur la fin de mission de suivi de l’entreprise pharma.

- Et c’est probablement l’entreprise pharma qui a engagé un type pour le tuer. Elle avait dû découvrir qu’il l’espionnait.
- Oh…
- Tu l’aimais bien ?

Demande le Docteur Taylor en se penchant vers Colin. Le Docteur scrute son visage quand il répond.

- Oui…
- Il t’avait dit quelque chose que tu as oublié de nous dire ?
- Non, il n’a pas eu le temps.
- Mh. C’est vrai.

***

Huit semaines plus tard.

Colin vient de terminer son entrainement pour sa prochaine mission. Il a du temps devant lui et il est retourné vers l’entrepôt.

- C’est lui, vous êtes sûr ?
- Oui.

***

2020 - Le sud d’Hawkins.

C’est un monde entre deux. Entre béton surarmé d’acier et champs à perte de vue. Entre l’humain qui construit et la forêt qui rôde. Les moteurs des voitures, le chant des oiseaux. La piscine, à quelques mètres. A travers le dôme transparent, les échos des cris d’enfants joueurs et turbulents. Un soleil découvert et découvrant.

Et pas loin, Clide Morgenstern.

Colin a le cœur en balance. Il marche vers lui.

Il a peur, au fond, de toucher les profondeurs d’une âme si opaque, d’une rationalité si fuligineuse. Une personnalité jamais désirée par le Dr Brenner, honnie par la population. Il pourrait s’y laisser écraser, noyer, engloutir, dans cette opacité, parce qu’il a le cœur d’un nouveau-né et les nuances émotionnelles d’un enfant jamais grandi. Il a peur, il a la peau froide et les paupières brûlantes. Il a envie, aussi, d’explorer. Une autre incongruité que lui, un autre phénomène de l’humanité. Il a envie de toucher du bout de la conscience ouverte, ce que les autres fuiraient s’ils savaient. Il aimerait écarter les pans sombres des faux-semblants pour assister aux spectacles intérieurs d’un théâtre sûrement déconcertant. Il est curieux, d’une curiosité presque effrénée, il a les nerfs en alarme rouge et le visage qui le tire vers l’avant.

Une odeur de chlore, de chimie gigantesque, d’abondance de mer artificielle.

Il respire lentement. Il doit se calmer avant d’utiliser sa seconde capacité, sinon, ce qu’il ressent sera trop fort, et il ne veut pas inonder celui qu’il veut sonder. Il cille. Sa peur et sa nervosité en profondeur, il les décuve. Elles sont toujours là, cependant, plus dressées que tapies, et prêtes à bondir. Elles sont là en ombres mouvantes et en palimpsestes tranchants.

Il s’approche de Clide.

Canal émotif.

Il ne durera que dix minutes si Clide perçoit ses émotions et déteste les émotions ressenties. Il peut le renouveler, mais le renouvellement ne sera pas si fluide.

Que ressent-il, cet homme qui tue sans ordre ? Cet homme qui laisse mourir un autre homme pendant des jours, dans la douleur, pour des raisons qui lui échappent ? Que vit-il, au jour le jour, près d’une piscine, près d’enfants qui rient et de leurs parents qui les aiment sous leurs indifférences quotidiennes ?

Il s’arrête près d’un arbre, pose sa main dessus.

Quand il vit à Hawkins, hors du laboratoire national, Colin est Thomas. Thomas est un assistant technicien du laboratoire national. Thomas est sage, doux, et il a pour le monde le regard des jamais échappés, des enfants qui vivent dans des cages de verre. Mais Thomas a aussi la résistance de ceux qui louvoient et qui cachent ce qu’ils sont pour éviter les douleurs des électrocutions bleues. Thomas s’habille de façon à passer inaperçu. Un jean et un manteau en drap de laine brun foncé.

Quand il joue à Thomas, Colin a ce sentiment de ne pas appartenir au monde, encore plus, encore plus acéré, parce que Thomas était son jumeau et que son jumeau n’allait pas vers les docteurs, parce que Thomas attendait que Colin aille vers lui. Quand il est Thomas, Colin a l’envie de retrouver son frère, de lui dire que tout ira bien, même s’il est mort, que tout le monde sera heureux et que les cauchemars ne durent que le temps des sommeils fiévreux.

Illusion.

Sur le trottoir, un bruit de semelles froissées. Approche trainante. Démarche maladive. Lenny Morris boite. Son pantalon, au niveau des genoux, rouge noir, coagulé. Sa bouche ouverte déborde de sang. Le sang coule sur son menton, sur son torse, sur son pantalon. Il avance vers Clide. Il semble ne voir que lui. Parfois, il lève la tête vers le ciel, comme si le ciel voulait lui parler.

Entre Lenny et Clide, le trottoir. Autour d’eux, les arbres et peut-être, des passants, échappés dans la bulle géante qu’est la piscine.

- Clide… ?

Dit Lenny de sa voix grave et aigre.

- Pourquoi ?

Mais. Il y a une vibration étrange, comme si un doigt invisible, long et glacé, touchait la nuque de Colin. Comme si Hawkins avait mille yeux prêts à dévorer la scène. Colin se retourne. Au loin, dans la rue, une voiture passe. Noire, aux vitres noires. Le souvenir des voitures du gouvernement de l’Ombre. Un frisson de stress dans le dos de Colin.

Il n’y a pas de raison pour que l’Ombre envoie ses agents ici et maintenant.

Une camionnette blanche passe dans la rue, lentement, mollement. Elle doit être chargée.

Et dans l’air, flotte un parfum de chimie, des relents de chose créée inerte et pourtant capable de détruire au nom de la vie. Colin cille. La scène ne lui plait pas, la proximité de la piscine le dérange, il y a du passé qui se mêle au présent et c’est comme une alarme rouge qui vrille son esprit. Un cri de danger, omniprésent, englobant, pressant, presque amniotique.

Colin reporte son attention sur Clide, de nouveau. Le fantôme a disparu. Le stress l’a peut-être trop surpris et sa capacité n’a pas maintenu l’illusion de Lenny Moris.

Il met fin au canal émotif.

Son regard, en apesanteur sur les choses.
La personnalité de Thomas s’effrite, s’envole, en fumée, en souvenirs refoulés.
La personnalité de Colin doit revenir.

Que faire ?
Est-ce juste une impression, une illusion des sens, une paranoïa d’espion ?
Qui serait ciblé ? Qui serait de trop?
Et si… ?

Colin réduit la distance entre lui et Clide. Il implique peut-être inutilement Clide dans un dossier sensible. Il l’aide peut-être inutilement s’il n’y a personne qui les observe. Il se dévoile peut-être inutilement à un tueur sans pitié.

Quelque chose le pousse à réduire la distance.
Quelque chose qui grogne dans son ventre et qui griffe la peau de son dos, de son visage, de son cou, de son thorax, de l’intérieur, et qui le pousse, pousse, vers l’avant, vers le tueur incongru.
Cette chose, peut-être, s’appelle curiosité, besoin de comprendre, besoin de savoir, besoin de découvrir. Que les psis ne sont pas les seuls à être dissonants, incongrus, tueurs et humains pourtant.

- Il vaut mieux partir.

Dit Colin de sa voix souffle, de sa voix qui touche à peine l’air.

Il marche vers Clide et tourne la tête vers la direction opposée à celle de la piscine.



Revenir en haut Aller en bas
http://unravel-senses.forumactif.com/t104-colin-holloway#338 http://unravel-senses.forumactif.com/t115-colin-liens#546 http://unravel-senses.forumactif.com/t116-colin-sujets#548

Clide Morgenstern

Clide Morgenstern

Incongruités (Clide) X6fOd5GA_o
Incongruités (Clide) 1ZFRL3RI_o
✕ MENSONGES : 181
✕ DOLLARS : 1329
✕ JE SUIS : Loading...
Incongruités (Clide) M3umKgks_o
✕ ALIGNEMENT : Chaotique neutre.
✕ ALLEGEANCE : Il ne fait que graviter autour de sa moitié, ne pense que pour elle, s'égare sur les voies de la déraison... que pour Aylin.
✕ FONCTION.S : Bâtisseur de frayeurs, il burine les mots d'horreur sur le papier immaculé, sème l'épouvante dans les cœurs avides de fuir les affres de la réalité. Écrivain... et meurtrier à temps perdu.
✕ USURE : Trente-deux ans
Incongruités (Clide) 5AImGYhJ_o
✕ ERRE DEPUIS LE : 19/05/2019
X CRÉDITS : Avatar (c) flotsam, Gif (c) Vocivus



Incongruités (Clide) Empty
MessageSujet: Re: Incongruités (Clide)   Incongruités (Clide) Empty06.07.19 2:34

Incongruités

@Colin Holloway & Clide Morgenstern


Insane, inside the danger gets me high. Can't help myself, got secrets i cant tell. I love the smell of gasoline. I light the match to taste the heat. I've always liked to play with fire.


Plusieurs heures s'étaient consumées, et cet abruti congénital ne s'était pas dévoilé à son regard. Où es-tu ? Tu as enfin trouvé ce que tu cherchais ? La parfaite petite victime. Naïve, innocente, susceptible de se laisser attendrir par tes offrandes empoisonnées ? Une fillette, âgée de huit, neuf ans, peut-être ? Ou, un garçon ? Tu les aimes très jeunes, tu aimes poser tes mains ingrates sur les enfants, alors que tu as l'âge d'être leur père. Je suis peut-être cinglé, mais toi, tu donnes envie de vomir. L'ignorance, un fléau de l'existence. Les prédateurs fourmillaient en tout lieu, ciblaient leurs proies sans se soucier de l'agitation ambiante. Il est plus facile de traquer le gibier lorsqu'on se fond à la masse, pas vrai, Vince ? Un parc, le lieu idyllique pour les arracheurs d'enfance. Un buffet à volonté pour les sales rognures dans ton genre. Malheureusement, Vince Rivera avait certainement trouvé ce qu'il convoitait depuis plus d'un mois. Un mois. Un mois qu'il traquait la rapace, Clide. Il épiait, examinait les faits, les gestes, disséquait chaque mimique de son visage. À chaque jour, Vince ramenait sa dégaine au parc, passait trois heures à lorgner la marmaille, parfois osait offrir des sucreries pour appâter, pour approcher, caresser finement. La taille. Un bras. Une cuisse... et ces autres attributs, plus intimes. Ils sont tous aveugles, mais moi, je ne le suis pas. Je vois et je sais. Je sais à quoi tu penses lorsque tu les regardes, lorsque tu les touches. J'ai lu ton petit cahier, tous les insidieux secrets que tu te plais à écrire à l'intérieur. Tu es un monstre. Un monstre sur le point de dévorer. Tu n'es plus humain, Vince, seulement un animal vicié par les pulsions, par ces désirs nocifs depuis trop longtemps refoulés. La mort est ton seul remède. Du moins, le seul qui me convienne.

La rogne échaude les veinules, puisqu'il n'est pas là, Vince. Tu m'emmerdes, Vince. Clide soupire sèchement, harassé, balance son gobelet de café trop froid au fond d'une poubelle, et active sa charpente. Inutile de s'attarder, le bâtard n'allait pas apparaître, cette fois. Tu fais quoi ? Tu te branles chez toi en regardant de la pornographie juvénile ? J'espère que tu profites bien, puisque ce sera la dernière fois. Ce soir, la mort, la sienne. Et si tu t'étais présenté au parc, comme d'habitude, tu serais déjà inconscient dans le coffre de ma voiture. Tu viens de gâcher mon plan A, crétin. Bien sûr sa faute, à l'abruti, puisque Clide était rarement fautif, selon son avis à lui. La démarche lourde et l'humeur assombri, il arpente le terrain verdoyant, ayant en tête de s'arrêter au petit restaurant de l'autre côté de la rue afin de se commander de quoi rassasier sa faim. La faim de la fin. Celle de la mort. Cette mort, qui soudainement, lui semblait un peu trop vivante à son goût.

So, can anyone explain this shit to me ?

Les abysses s'écarquillent, le corps tangue, amorce d'instinct un saut vers l'arrière. L'organe vital s'enraye, défonce la cage thoracique, tandis que le souffle s'étrangle, campe dans la trachée sans parvenir à s'évader. La mort et sa gueule gerbant l'écarlate. Lenny Morris traîne de la patte, déplace sa carcasse de macchabée sur le bitume afin de venir tourmenter son bourreau. Il est lamentable, Lenny, même dans la mort. Le teint livide, la carne décharnée, les rotules broyées, il n'avait rien de photogénique, déjà qu'avant... Une grimace contracture les traits tandis que les échasses reculent, reculent encore jusqu'à ce que le dos heurte l'écorce rêche d'un feuillu. Les rétines errent nerveusement, guettent les errants par crainte qu'ils ne voient aussi la monstruosité, cette infamie cadavérique n'ayant aucune cohésion au panorama. Si cette scène sordide suscitait l’effroi, l'idée que le massacreur en lui soit démasqué, l'était davantage. Clide réprime l'envie de lui siffler froidement de retourner croupir dans son trou, là où il avait vulgairement largué la charogne une année plus tôt. Si je dois à chaque fois tuer une personne plusieurs fois pour qu'elle reste morte, j'aime autant mieux me trouver un autre passe-temps. Les neurones s'égarent, s'entremêlent et se perdent au sein d'une confusion opaque. Et il parle, le moribond, comme si sa présence n'était pas suffisante à lui rafler les nerfs. Ferme la ! Une question s'éjecte hors de son clapet dégoulinant, une question bien stupide incitant la perplexité autant que la répulsion. C'est de l'humour de mort ? Pensée ironique, puisqu'il se souvenait bien de lui avoir révélé la raison avant de lui émietter les articulations à coups de massue. La mort rend peut-être plus idiot. Cette scène manquait de cohérence, malgré ses allures trop réalistes, mais Clide n'était pas disposé à réfléchir, ni à tenter de comprendre ce qui dérangeait dans cette logique mal ficelée.

Les lippes s’entrouvrent, mais se referment aussitôt. Plus rien. Le mort-vivant s'était dissipé. Nerveusement, les yeux furètent, cherchent cette saleté d'outre-tombe sans la trouver. Non. Il n'y avait rien. Seulement... lui. Lui, cette faille disséminée sur une image trop lissée. Lui, l'inconnu qui ne cesse de le lorgner... et qu'il avait vu, quelques secondes avant l'apparition. Tu étais là. Je t'ai vu me fixer. Et tu me fixes toujours. Cet homme l'avait regardé, là, planté près de son arbre, avant que le cadavre ne vienne dégorger sa bile. Qu'est-ce que tu veux ? Il s'avance, lui, et Clide le dévisage, la paranoïa lui cinglant les cervicales. C'est de ta faute. C'est toi. Tu es un psychopathe. Tu as empoisonné mon café et maintenant, j'ai des hallucinations. Un fan obsédé. Peut-être. Ces hypothèses étaient ringardes, mais tout l'était, jusqu'à l'ignoble cadavre traînassant jusqu'à lui. Je ne sais pas ce que tu as fait, mais je sais que c'est toi. Depuis que tu es là, plus rien n'a de sens. Tu es une anomalie, celle qui ne devrait pas être là.

- Il vaut mieux partir.
« ... Partir ? »

Ou fuir ? L'homme ne cessait de regarder par-dessus son épaule, semblait angoissé, pressé de déserter les lieux. Clide se demandait s'il n'était pas, lui aussi, hanté par l'odieux spectre de Lenny Morris. C'est ridicule, je crois bien que je perds la tête. Aucune idée. Cette journée commençait à emprunter l'aspect d'un songe abstrait, impossible à définir et à comprendre. Lentement, il hoche de la tête, la confusion gommée entre les deux tempes. C'est un piège. Cet homme veut ma mort. Il sait que je l'ai tué. Il sait tout. Il se moque de moi. La folie suinte, vrille la raison, parsème la névrose et des suppositions crachées par la connerie.

« ... Ok... ma voiture est garée dans un stationnement, derrière le parc... »

Et il se détourne, Clide, enclenche une avancée, calquant avec lui la trajectoire menant jusqu'au stationnement désertique. Me crois-tu stupide ? Je n'ai aucune confiance en toi... peu importe qui tu es. Ce gaillard était louche, étrange, et sa présence dans cette scène burlesque lui semblait invraisemblable... menaçante. Les interrogations s'imposent, amorcent une valse chaotique, désarticulée, et elle ne mène nulle part, cette danse, ne fait que le pousser davantage à la déraison. D'un mouvement de tête, il lui désigne la portière du côté passager, et ne tarde pas à s'installer derrière le volant. Que veux-tu faire, maintenant ? Aller où ? Pourquoi ? Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu me veux ? Pourquoi m'avoir abordé ? L'énervement. L'agacement. L'incompréhension le nargue, incite le prédateur à reprendre le contrôle afin de se protéger d'une menace, réelle... ou irréelle. Alors, il simule, le fourbe, lui fait croire qu'il cherche quelque chose. Lui fait croire à un malaise, un mal de crâne tortueux. Il se masse les tempes, la mine faussement contrariée, mais pourtant persuasive malgré la fallacieuse comédie.

« Dans le coffre à gants, devant toi, il doit y avoir un flacon. Tu peux vérifier ? Je n'arriverai pas à conduire sans ma médication. »

Mensonge, mais que cet homme le croit ou non, importait peu. Tout ce qu'il souhaitait était qu'il détourne son attention le temps de quelques furtives secondes. Et c'est ce qu'il fait, l’intrus, s'incline pour vérifier dans le coffre à gants. Mauvaise idée. Je ne devrais pas le faire. Pourtant, il le fait, instigué par cette sensation trouble qu'il était une menace vouée à causer sa perte. Sa poigne agrippe la tête du lascar et la percute rudement contre le tableau de bord. Le pauvre diable s'affale sur son siège, inconscient... et Clide le toise... plutôt... contrarié... Shit.

« ... Oops... »

I did it again.

***

La patience. Elle était bien utile dans le monde d'un homme tel que lui, où tout se devait d'être consciencieusement goupillé, élaboré, organisé. L'impulsivité était une véritable tare, incitait les erreurs et l'éparpillement. Je me suis stupidement égaré. Je suis un homme rationnel. L'irrationnel m'incite à... déraper. Cette sensation de dispersion provoque l'inconfort et la déplaisance au creux du bide. Clide avait ses éthiques, un modus operandi configuré selon des critères singuliers, propres à ses déviances. Les innocents... ne détenaient aucune place sur sa liste de sélection. Vrai que j'ai tué une ou deux personnes qui ne détenaient pas ces critères, mais celles-là ne comptent pas, je les ai tué pour Aylin. Pour la protéger. C'est normal, il faut protéger ceux qu'on aime... Et toi, es-tu innocent ? Personne ne l'était complètement, mais il fallait schématiser, catégoriser, évincer les petites racailles des candidats potentiels, et seulement conserver à l'inventaire les démons voraces, ces dévoreurs d'âmes n'ayant aucune pitié à broyer l'espérance et la dignité. Je n'ai pas l'impression que tu as ta place dans cette catégorie.

Clide jauge l'anomalie d'un œil à la fois intrigué et contrarié. Cet homme, qui n'était peut-être... rien. L’œuvre d'une paranoïa éphémère, sans doute. Une menace illusoire, fomentée par une frayeur inconsciente, qui sait ? Un soupire las écorche les lippes tandis qu'il attend patiemment qu'il émerge des limbes, réveil qu'il ne risquait pas d'apprécier. Clide avait dû improviser rapidement, alors il avait entravé le "phénomène" au sous-sol, sur une chaise. Le problème ? Ce confinement était imprévu et ses raisons étaient très nébuleuses. Il se retrouvait donc... enlisé, à nouveau, à l'épicentre de cette confusion fâcheuse, ayant la forte impression d'être foncièrement cinglé. Je le suis, cinglé, mais jusqu'à maintenant, j’ignorais à quel point. Assit sur un fauteuil, il attend, toise le comateux à la tête dodelinante, la mine incertaine. Il attend, et enfin, lorsque les paupières se hissent à cette réalité déplaisante, Clide s'adresse placidement à l'infortuné.

« Bon, ok... si tu permets, je vais commencer simplement. Peut-être que ça m'aidera à mieux... j'en sais rien... démêler le merdier... hm... Pour l'instant, je vais te poser quelques questions, certaines te paraîtront peut-être étranges, mais contente toi de répondre, c'est tout. »

Il fallait bien débuter par quelque chose, même s'il ignorait totalement pour quelle stupide raison il s'acharnait à perdre autant de temps. Je déteste ne rien comprendre. Ça m'énerve.

« Alors, qui es-tu ?... Lenny Morris, ce nom évoque quelque chose, pour toi ?... Pour quelle raison voulais-tu fuir ? Et pourquoi avec moi ? ... Tentais-tu de me piéger, de me tuer ? Et... te considères-tu comme étant quelqu'un de bon ou de mauvais ? »

Dis-moi au moins que tu es une petite merde, un parasite, un nuisible de la pire espèce. Ça me faciliterait la tâche. En cas contraire, si ça peut te conforter, sache que je ne prendrai aucun plaisir à te tuer. Il n'y avait aucune autre finalité que celle de sa fatalité. Le laisser quitter en vie était un risque qu'il n'était pas enclin à prendre. Si je te laisse la vie, il peut te prendre à l'idée de parler de cette si belle journée en ma compagnie à qui veut l'entendre. Ce serait plutôt mauvais, pour moi. Le corps se redresse sur son séant, un soupir agacé fendille les babines.

What a shitty day, don't you think ?
Revenir en haut Aller en bas
http://the-upside-down.forumactif.com/f20-presentation-des-personnages http://the-upside-down.forumactif.com/f5-fiches-de-liens http://the-upside-down.forumactif.com/f7-fiches-de-sujets
 
Incongruités (Clide)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Unravel Senses :: Parc & piscine-
Sauter vers: